Le mercredi 13 juin, juste après le journal de 13 h, j’étais l’invité de Laurent Dehossay à propos de Jane Grey, la « reine de neuf jours », héroïne de mon huitième roman, Si près de l’aurore (éditions Luce Wilquin).
Page 2 of 4

J’avais pris cette photo début 2011 lors d’un atelier d’écriture chez mon ami Eric Pepin.
J’en avais tiré ce haïku :
pont des Trous l’Escaut
qui coule depuis des siècles –
Tournai immobile
Publiée sur mon blog, elle a attiré l’attention des concepteurs de la Poste et est devenue un timbre qui sortira le 11 juin 2018. C’est intéressant de voir ce que la graphiste et le graveur ont réalisé à partir de mon cliché !
Je me souviens de ce sizain absurde que disait ma mère :
« Une grand-mère de quatre-vingt-sept ans
En mangeant d’la crème
S’est cassé une dent.
Ooh, lui dit sa maman,
En mangeant d’la crème,
C’est pas étonnant! »
Françoise Pirart sait raconter une histoire. Elle a publié près de 20 livres en un peu plus de 25 ans : romans, nouvelles, récits biographiques…
Dans ce dernier roman publié aux éditions Luce Wilquin, elle joue subtilement sur la narration : Coline a disparu. Son amie Anaïs, son frère Gilles vont chercher à la retrouver. On a perdu sa trace sur une aire d’autoroute. La presse a évoqué la disparition de cette très belle femme qui deviendra bientôt « la disparue de Saint-Vens ». Les enquêtes d’Anaïs et de Gilles progressent d’abord séparément, dans des narrations alternées : si Anaïs narre ses propres démarches, l’enquête de Gilles est racontée par sa femme Sophie, une personnalité un peu perturbée que certains appellent « la femme de Gilles », allusion à un roman jamais nommé que Sophie, par manque de culture, ne peut connaître.
Un autre personnage intervient, le père d’Anaïs. Ce peintre un peu bohème en sait sans doute plus qu’il ne le dit à propos de Coline (quelles sont leurs relations exactes ?) et de sa disparition. Quel est ce mystérieux château en Espagne qu’il peint à chaque heure du jour, dans des atmosphères très diverses comme Monet le faisait de la cathédrale de Rouen ? Les enquêtes de Gilles et d’Anaïs vont se rejoindre et le roman devenir un road movie : les alliés de circonstance suivent les traces de Coline vers un mystérieux château qui aurait pu abriter Don Quichotte. Existe-t-il vraiment ou n’est-ce qu’un mirage ? Il faut admettre que le romanesque fonctionne bien. Le lecteur est emmené, de chapitre court en chapitre court, à partager les interrogations des personnages jusqu’à un dénouement qui ne déçoit pas.
Notons le clin d’œil de l’auteur, pages 129 et 130, à propos de la rédaction de son ouvrage et du roman en général : « On se laisse dériver, emmené par les personnages, on rêve d’un endroit dans lequel ils pourraient évoluer, on imagine des secrets, des zones d’ombre où tout reste possible. Puis on recadre, on s’accroche à un fil conducteur avant de lâcher de nouveau du lest, et ainsi de suite jusqu’à ce que la structure prenne forme. Moi, je préfère les personnages qui hésitent, tergiversent, mais trouvent leur voie après des errances, voire des échecs. » C’est Anaïs – la journaliste et romancière narratrice – qui parle, mais on a l’impression qu’elle donne la parole à Françoise Pirart, l’écrivaine et auteure. Jolie mise en abyme.
Une bonne lecture donc, un livre à emporter en vacances. Pourquoi pas en Espagne?
Françoise Pirart, Seuls les échos de nos pas, Éd. Luce Wilquin, 2018, 208 pages. ISBN 978-2-88253-547-4

Puis il s’approcha de la feuille qu’il salua en gassho, saisit le pinceau du bout des doigts, le plongea dans l’encre et, dans une seule et profonde expiration, d’un seul et souple geste où se résumait tout son souffle, il traça les deux signes qui composaient le mot unsui, « nuage et eau ».
Il prépara ensuite le cachet enduit de pâte rouge et signa son travail. Les deux idéogrammes noirs se détachaient sur la feuille blanche avec la netteté de corbeaux sur la neige. Nuage et eau, deux signes, deux corbeaux ou deux moines. Un instant il se vit, corbeau cheminant sur un sentier bordé de pins, à ses côtés la forme noire, l’ombre d’une moniale, un fantôme de femme, une compagne de voyage… La cloche appelait au zazen du soir, il se hâta de regagner le vide.
cet après-midi
j’ai vu les arbres danser
avec la lumière
Je me souviens que, sur la couverture de l’album des Beatles, Abbey road, les pieds nus de Paul Mc Cartney furent la source de multiples divagations concernant sa mort et son remplacement par un sosie.